18Nov

L’histoire du vin s’invite dans l’actualité

Que dit le Bordeaux bashing ? La Chine ne découvre pas le vin, mais bien plutôt le retrouve. La Californie perd l’un de ses pionniers, Peter Mondavi, décédé à 101 ans.

Bordeaux bashing

Avant les primeurs du millésime 2015, et à quelques semaines de l’ouverture de la Cité du vin, le journaliste et chroniqueur Jacques Dupont tente dans Le Point un arrêt sur image du vignoble pris dans les rets de l’époque et de ses clichés. Pour illustrer ce qu’il appelle le « Bordeaux bashing », lisible dans les ventes, en particulier à l’export, le chroniqeur raconte cette anecdote savoureuse : « Un quatuor de copains qui dînaient dans un excellent bistrot à vins de Paris, après avoir commandé quelques bouteilles de bourgogne et de rhône haut de gamme, entament la conversation avec le patron et ne tardent pas à lui dire qu’ils sont dans le commerce du vin de… Bordeaux. Le patron semble atterré et leur demande :
– Comment pouvez-vous travailler avec ces gens ? Vous savez qu’ils utilisent plus de 110 intrants dans leurs vignes ? ». Jacques Dupont remet les choses à leur place : « Aujourd’hui, si on faisait la somme en surface des crus classés 1855 certifiés ou en cours de certification bio, on pourrait s’apercevoir qu’en termes de pourcentage, c’est égal voire supérieur à la moyenne nationale ». Les déboires de Bordeaux s’avèrent souvent être les revers de ce qui fut un succès. Citons la manie « des classements », celui de 1855 et les autres, et, sous l’influence de « la notation Parker », « la modification du caractère des vins », concomitants à « l’envol des prix ». Jacques Dupont décode : « On pourrait imaginer que le Français tire quelque fierté de les voir s’envoler et de constater que cette catégorie de vins de France (cocorico !) symbolise la réussite, le luxe dans beaucoup de pays du monde au même titre que la haute couture. C’est l’inverse qui se produit. Le prix des grands crus choque les consommateurs un peu comme les retraites chapeaux des patrons « goinfres », comme les appelait le journaliste Patrick Bonazza. Comme si une part de leur patrimoine leur échappait ». Jacques Dupont cite Jean-Paul Kaufmann, auteur du Voyage à Bordeaux : « À cause de cette vision purement comptable et financière, une fidélité est en train de se perdre auprès des amoureux du vin de Bordeaux. Perte de confiance qui constitue une cassure. Il n’est jamais sain que la flamme cesse d’être entretenue par les amateurs du pays producteur. Quand une habitude, un goût, une pratique se perdent, difficile de les reconquérir ». Qu’on ne s’y trompe, la tribune de Jacques Dupont est une tentative de réhabilitation : « Au Point, comme les autres années, nous passerons non pas quatre jours mais cinq semaines dans ce vaste vignoble afin de dénicher, bien au-delà de ce qui est proposé, les perles accessibles. C’est notre petite contribution à tenter de faire aimer Bordeaux ». L’enquête de Jérôme Baudouin dans la Revue du vin de France de mars sur « l’histoire secrète des classements » complète et soutient le diagnostic de Jacques Dupont. Quelques-uns sont « scandaleusement nés », tel celui de 1943, « créé en pleine seconde guerre mondiale, par le gouvernement de Vichy ». Le journaliste revient sur le classement de 1855, un des facteurs du désamour de Bordeaux, et de son unique révision en 1973 qui permit à Château Mouton Rotschild de se hisser au rang de Premier cru classé. « Elle est le fruit de plusieurs décennies d’un intense lobbying mené par le baron Philippe de Rothschild », récompensé par Georges Pompidou et Jacques Chirac. La politique et l’argent sont un cocktail symptôme de l’époque. On notera toutefois que Pline fut le premier à établir dans son histoire naturelle un classement. Franck Dubourdieu complète ce tableau du vignoble bordelais dans son blog Classicwine avec une série de chroniques sur « le goût du vin de Bordeaux, deux millénaires d’histoire ». Il revient sur le virage clé des Anglais, faiseurs de Bordeaux : « A la fin du XVIIème les Anglais, maîtres dans la fabrication des flacons en verre, « inventent » une bouteille révolutionnaire en verre épais, fumé, et procèdent aux premières mises en bouteille du « New French Claret ». On ne tarde pas à s’apercevoir que le vin en bouteille, étroitement bouchée (bois, verre ou liège) et entreposée debout en cave fraîche, se conserve plus longtemps et surtout s’améliore. Les amateurs anglais se piquent au jeu de les conserver et de les déguster aussi vieux que possible. Il existe un lien étroit entre la naissance des grands vins de Bordeaux et la recherche de goûts raffinés de la haute société londonienne. On assiste à l’avènement des grands crus et à la naissance du dégustateur ». Le poids du vin à Bordeaux se lit dans Rue 89-Bordeaux : pas moins de deux articles cette semaine lié au vin. L’un fait « le tour de la cité en 12 degrés » et y dénonce de « la techno à gogo ». L’autre braque les feux sur « une dégustation de vins bio à Darwin lors de la fête du vin du 2 » du 23 au 26 juin prochains, conséquence « du dernier numéro de Cash Investigation ». L’initiative revient à Nicolas Guenro, conseiller municipal socialiste, qui « a proposé entre autres de « faire la promotion de ceux qui travaillent le mieux à travers une plus grande visibilité lors de la Fête du vin et dans cette future Cité du vin ».

En Chine, le vin presque aussi vieux que le pays

Dans la frénésie des Chinois a découvrir le vin et à investir dans le vignoble, à Bordeaux en particulier, en Chine en général, le Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine proposait ce jeudi à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales un séminaire sur « la vigne et le vin dans la Chine ancienne », sous-titré « légendes et réalités ». Voici le texte d’introduction qui offre matière à envisager autrement le présent : « La culture de la vigne (Vitis vinifera) fut introduite en Chine par l’Asie centrale il y a plus de 2000 ans, et le vin y est connu – et apprécié – depuis presque aussi longtemps. Pourtant, cette activité ne fut jamais développée de manière significative. On retracera cette histoire contrastée, marquée par un échec global et par quelques succès locaux remarquables (l’oasis de Turfan et la province du Shanxi). Boire du vin de raisin plutôt que des bières de céréales résulte d’un choix humain délibéré, révélateur d’un contexte socio-culturel particulier et lourd de conséquences parfois insoupçonnées. En ce sens, les fortunes diverses de la vigne en Chine donnent à ce sujet un intérêt beaucoup moins anecdotique qu’il y paraît. On le verra notamment à travers le cas du Shanxi, unique région de peuplement Han où l’on a cultivé la vigne depuis les Tang et fabriqué du vin jusqu’au début des Ming ». Le présent c’est précisément l’acquisition par le milliardaire Jack Ma, fondateur du géant du commerrce en ligne Alibaba, le Château de Sours dans le bordelais, lequel était la propriété du Britannique Martin Krajewki. « Dans les Echos judiciaires girondins, confirmant une information du quotidien Sud Ouest, il est précisé que le nouveau gérant de la SCEA (Société civile d’exploitation agricole) Château de Sours, au nom de Junbao Limited, société basée à Hong Kong, est Kien Leong Lee, un Malaisien âgé de 40 ans demeurant à Singapour, homme de confiance de Jack Ma », rapporte la RVF. Le journaliste souligne : « Le Bordelais compte quelque 120 propriétés tombées dans le giron d’investisseurs chinois et hongkongais, dont aucune de renom. Soit environ 1,5% de la surface du vignoble ». Decanter met l’accent sur les ambitions : « Créer un mini Versailles ». Avec sa chronique sur « Le premier Grand cru classé du Ningxia », le blogueur Vincent Pousson boucle la boucle : « Demandez aux propriétaires de Saint-&-Millions si c’est simple de monter un classement! Mesurer la superficie des parkings, vérifier l’état des toilettes, faire sonner les cloches… Sacré boulot, avec en prime toujours quelques récalcitrants qui n’arrivent pas à comprendre le « sens du Progrès ». C’est pourtant à cette tâche ardue que s’est attelé le Bureau du Vin du Ningxia. Cette petite province du centre de la Chine n’est pas la seule à cultiver la vigne mais elle a décidé de devenir le Bordeaux de l’Empire du Milieu ».

Décès de Peter Mondavi

Selon le site canadien Voir, Peter Mondavi était « le père du vin californien », pour Jean-Pierre Stahl, blogueur de Côté châteaux, « l’un des pionniers ». Peter Mondavi, propriétaire des vignobles Krug et frère de Robert, est décédé à l’âge de 101 ans. Jean-Pierre Stahl retrace « l’histoire commune des Mondavi avec Bordeaux pour lancer Opus One ». Decanter revient sur « la dynastie des Mondavi » à Napa Valley et la marque qu’ils ont imprimée et laissée. « L’histoire commence en 1919 quand Cesare et Rosa Mondavi, parents de Robert et Peter, quittent les Marches italiennes pour s’installer à Lodi dans le Minnesota. C’est le temps de la prohibition. Ils ont le projet d’acheter et d’affréter du raisin pour les Américains italiens et pour tous ceux qui voualient faire du vin destiné à la consommation familiale, seule entorse alors autorisée par la loi ». La suite, on peut la découvrir ou la redécouvrir.

Source: https://www.vitisphere.com/

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